Infrastructures routières de l’État : le REN-LAC dénonce les lenteurs

Pour Mafing Kondé (gauche) et Claude Wetta (droite), le suivi-citoyen des projets routiers de l’État permettra d’identifier les préoccupations des acteurs concernés par la réalisation des infrastructures en vue d’anticiper les éventuels problèmes.

Au cours de l’année 2018, le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) a effectué plusieurs sorties de contrôle sur la route nationale N°4 jouxtant l’hôpital Yalgado Ouédraogo, la route Manga-Zabré ainsi que la route Kantchari-Diapaga-Tansarga-Frontière Bénin. Ces missions de contrôle s’inscrivent dans le cadre des actions de suivi des grands projets routiers de l’État contenu dans le plan stratégique 2017-2020 du Réseau.

Infrastructures dégradées avant ou immédiatement réception, soupçons de corruption dans l’attribution des marchés, faible communication et absence de transparence dans l’exécution des travaux, non-respect des délais. Ce sont autant de difficultés qui ont conduit le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) à inscrire dans son agenda le suivi des grands projets routiers de l’État.

D’après Mafing Kondé, socio-économiste et membre du Secrétariat exécutif du REN-LAC, cela va « contribuer à améliorer la qualité des infrastructures routières réalisées par l’État. »

Les participants ont pointé du temps l’absence d’information des populations par les collectivités territoriales en ce qui concerne le déroulement des travaux.

Le jeudi 17 janvier 2018, l’ONG de lutte anti-corruption a présenté les résultats de ses premiers travaux de suivi effectués au cours de l’année 2018.

Par cette action de veille et de contrôle citoyens, le REN-LAC veut amener les autorités étatiques à davantage impliquer les populations locales, principales bénéficiaires des prestations de service public, dans l’exécution des différents projets routier. « Il faut rendre transparente les procédures de passation des marchés et contraindre les différents acteurs au respect des clauses notamment en ce qui concerne les délais d’exécution« , a renchérit Claude Wetta, Secrétaire exécutif du Réseau.

Des lenteurs inexplicables

Pour cette phase pilote, le REN-LAC a jeté ses projecteurs sur trois grands projets routiers : Manga-Zabré, Kantchari-Diapaga-Tansarga-Frontière Bénin et la route nationale N°4 à Ouagadougou, jouxtant l’hôpital Yalgado Ouédraogo.

Selon Mafing Kondé, après deux sorties effectuées entre mai et octobre, aucun des trois travaux n’était à 70% de taux de réalisations. « Le constat global, c’est que les projets avancent à pas de tortue« , ajoute-il.

A titre d’exemple, les travaux de la RN4 ont été évalués à 63%, l’axe Manga-Zabré (RN 29), 6% de taux d’exécution et 24% de délai consommé. Quant à la réalisation des travaux de l’axe Kantchari-Diapaga-Tansarga-Frontière Benin, rien n’est encore visible sur le terrain, alors que le délai d’exécution est de 24 mois.

Les retards constatés sont aussi bien imputables à l’administration qu’aux entreprises détenteurs des marchés. Plusieurs raisons sont invoquées sur le terrain : lourdeurs administratives, déplacements des réseaux concessionnels (ONEA, SONABEL, ONATEL), question des dédommagements non résolus, etc.

Le REN-LAC note une faible implication des partenaires locaux, un manque de communication entre les différents acteurs et le non-respect des engagements des autorités locales envers les populations impactées par la construction des voies.

Des suggestions pour améliorer la qualité des prestations

Pour remédier à cette situation, l’ONG de lutte anti-corruption recommande à l’État et au ministère des infrastructures de s’assurer de la capacité des entreprises à réaliser les travaux avant de leur attribuer les marchés.

Mafing Kondé souligne la nécessité de prendre en amont les dispositions nécessaires pour veiller au respect des engagements pris par les entreprises lors des lancements des travaux. Aux entreprises bénéficiaires, il suggère l’amélioration de la communication avec les collectivités locales et la population.

« Les Organisations de la Société civile doivent s’efforcer d’avoir un regard sur les différentes réalisations qui sont faites à travers la la mise en place de cellules de veille citoyenne impliquant les populations locales aux différentes étapes des projets« , indique Mafing Kondé. Selon lui, cela permettra d’imposer, aux entreprises et à l’État, la prise en compte des préoccupations locales.

Le suivi de ces projets a été effectué par une équipe tripartite composée du REN-LAC, du ministère des Infrastructures (et de ses services déconcentrés) ainsi que le Projet de Gouvernance économique et de Participation citoyenne (PGEPC) de la Banque mondiale.

Pour le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Claude Wetta, il faut tirer leçon des difficultés constatées sur le terrain pour améliorer la qualité des travaux au profit des populations.

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CIC

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