DISCOURS DU SECRETAIRE EXECUTIF.
CEREMONIE DE CLOTURE DE LA XV EME ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE DU REN-LAC.
OUAGADOUGOU, le 30 avril 2015
Mesdames et messieurs les partenaires techniques et financiers ;
Mesdames et messieurs les représentants des organisations internationales et interafricaines ;
Mesdames et messieurs les représentants des organisations membres ;
Messieurs les membres d’honneur ;
Mesdames et messieurs les membres du Secrétariat exécutif ;
Mesdames et messieurs les journalistes ;
Distingués invités.
Les organisations membres, les membres d’honneur et observateurs sont heureux de vous souhaiter la bienvenue au siège du REN-LAC. Comme de coutume, nous nous sommes réunis en Assemblée Générale Ordinaire (AGO) dans nos locaux pour examiner le rapport d’activités et financier 2014, le programme d’activités et le budget 2015 et traiter de questions diverses. Ces documents ont été examinés et adoptés. Nous mesurons toute la portée de ce quitus, qui représente une marque de confiance des organisations membres.
Cette instance du Réseau s’est tenue au lendemain de l’historique insurrection populaire d’octobre 2014 ayant mis un terme au pouvoir de Blaise Compaoré qui, malgré ses 27 ans de règne calamiteux et oppressant pour le peuple, voulait s’y éterniser. Ainsi que le notait le REN-LAC dans sa déclaration du 12 novembre 2014 sur la situation nationale, ce puissant mouvement insurrectionnel est l’expression sans équivoque de la soif du Peuple burkinabè, non pas pour un changement d’hommes à la tête de l’Etat, mais d’un changement profond du système de gouvernance bâti par les Compaoré et leurs hommes. Plus de 5 mois après la mise en route de la Transition, le débat politique achoppe sur la nouvelle loi modificative du code électoral adopté par le CNT le 7 avril dernier. En effet, l’adoption de cette loi, a fait remonter en surface et sur fond de débats empreints d’une certaine violence, la question cruciale de l’indignité politique dont doivent être frappés certains acteurs. Pour le REN-LAC, il ne fait aucun doute que tous ceux qui, tout au long des 27 ans de règne de Blaise Compaoré, ont contribué à asseoir le système de gouvernance chaotique ayant du reste, été la trame de fonds de l’insurrection populaire, tous ceux, disons-nous, qui se sont rendu coupables de crimes économiques et de sang, doivent rendre compte et être frappés d’indignité politique ! Ces dignitaires pour la plupart soupçonnés de mauvaise gestion de fonds publics, de détournements de parcelles et pire, coresponsables des morts des 30 et 31 octobre 2014 sont indignes de prétendre conduire à nouveau la destinée de notre pays. C’est dans ce sens, qu’avant même la mise en place des organes de la Transition, le REN-LAC a appelé les autorités qui auraient la charge de la conduite de cette Transition, à s’attaquer à l’impunité des crimes économiques et de sang. Au lieu de cela, la transition semble avoir tergiversé pendant six mois quant au déclenchement des procédures judiciaires appropriées, avant de se réveiller en adoptant ladite loi modificative du code électoral. Cela pourrait laisser croire à des manœuvres visant une mise à l’écart injuste de potentiels candidats aux futures échéances, alors même que le bon sens aurait voulu que ceux-ci se l’interdisent eux-mêmes, car ayant chanté à tous vents que Blaise était le seul à même de diriger ce pays !
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Malgré ce «tango» de la transition où il semble manqué de mesure, quelques signaux donnent à espérer que les autorités de la transition ont enfin compris que la lutte contre la corruption et l’impunité doivent être des priorités.
Il y a seulement deux semaines le Gouvernement de la Transition a rendu publique la déclaration des biens de ses membres. Nous avons quelques réserves sur la sincérité des déclarations au regard de certaines anomalies constatées mais c’est un début et nous devons travailler à consolider cette pratique et à la transformer en acquis.
Nous assistons également depuis début avril à l’interpellation d’anciens dignitaires du régime COMPAORE. Si à ce jour certains ont été relaxés pour incompétence du Tribunal de Grande Instance, d’autres ont été déférés dans les maisons d’arrêt pour malversation. Le REN-LAC suit de près l’évolution de cette opération «mains propres» et appelle les autorités de la Transition à vider tous les dossiers de crimes économiques et de sang.
Il encourage le gouvernement de transition, les entreprises et la société civile à s’assurer que, partout l’impératif de bonne gouvernance constitue une exigence et une priorité.
Nous saluons au passage, les délais dans lesquels la Haute Cour de justice a été installée. Cela signifie pour nous que la question de l’incompétence des tribunaux est en partie résolue.
Le REN-LAC a des raisons de se réjouir des évènements en ce début d’année 2015. Notre vœu pour l’adoption d’une loi efficace portant prévention et répression de la corruption au Burkina, est aujourd’hui exaucé. C’est le lieu pour nous d’interpeller toutes les organisations membres, les PTF, les alliés, la presse… afin de s’impliquer dans sa vulgarisation et dans sa promotion pour son appropriation par les populations.
Enfin, il y a de cela quelques jours, nous avons appris par voie de presse, la tenue prochaine d’assises criminelles qui porteront sur un certain nombre de dossiers de crimes économiques et de sang, dont le dossier GUIRO. Ce dossier dont l’enrôlement a été longtemps attendu par le Peuple burkinabè semble l’un des plus emblématiques en ce qu’il est illustratif du système de gouvernance mafieux instaurer par le pouvoir des Compaoré ! Le REN-LAC souhaite ardemment que ces assises soient des moments d’intenses déballages pour mettre en lumière les différentes pratiques hideuses qui avaient cours sous le régime Compaoré. Particulièrement à l’endroit de M. GUIRO, le REN-LAC souhaite qu’il délie sa langue et lève le voile sur les réseaux mafieux dont il a connaissance, plutôt que de vouloir porter tout seul le fardeau. Ce procès doit servir d’exemple à tous ceux qui croient qu’ils peuvent abuser impunément des deniers publics et des avantages liés à leur situation de serviteur de l’Etat. Vivement que ces moments tant attendus aboutissent, dans le respect des règles procédurales et des garanties des droits à la défense des inculpés, à l’élucidation des différents dossiers de crimes enrôlés et au châtiment de leurs auteurs.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Nous voilà au terme d’une journée marathon où les organisations membres du REN-LAC ont eu à se plier à cet exercice annuel d’examen des rapports d’activités et financiers 2014 et d’adoption des programmes et budget de l’année 2015.
Une lutte résolue contre l’impunité doit passer par le renforcement de l’indépendance de la justice, l’adoption et l’application de façon rigoureuse des codes d’éthiques, le développement du vrai civisme (qui va du sommet à la base et vis versa) et la culture démocratique, les sanctions à l’encontre des acteurs de corruption dans les administrations publiques et parapubliques. Le REN-LAC pour sa part a poursuivi ses actions de sensibilisation pour une veille citoyenne contre la corruption ainsi que le plaidoyer pour des structures étatiques de contrôle fortes et pour l’adoption d’une loi contre la corruption. L’une des batailles engagées en fin d’année 2014 est la nécessité de geler et de recouvrer les avoirs et les biens mal acquis des dignitaires du régime déchu de Blaise COMPAORE. C’est ainsi qu’une campagne a été lancée dans ce sens et les investigations se poursuivent afin de mener à bien cette mission.
Le champ que couvrent les biens mal acquis, bien plus complexe qu’il ne parait, requiert l’implication de toutes et de tous. Il y a une mine d’informations et chacun de nous doit prospecter pour venir en aide au Réseau. Nous lançons cet appel en étant conscient que ce tournant ne doit pas être manqué. C’est l’occasion d’instaurer des fondations sûres pour lutter contre la corruption et l’impunité.
A l’instar des biens mal acquis, chacun de vous doit être un agent enquêteur pour nous permettre de documenter notre prochaine étude sur la corruption électorale.
Mesdames et Messieurs, Honorables invités
Nous pouvons nous féliciter des acquis que nous avons engrangés en 2014. Toutefois ces succès ne doivent pas nous griser pour la suite de notre lutte, car nous ne sommes pas seuls. Ainsi sommes-nous heureux de noter la forte contribution de la presse à la lutte contre la corruption à travers les investigations et les interpellations (80 articles de la presse écrite ont été enregistrés pour la compétition du PLAC édition 2014). Cette année nous n’avons pas non plus manqué à notre tradition, à savoir celle d’honorer les journalistes à l’occasion de notre AGO à travers la remise du prix de la lutte anti-corruption (PLAC). Je félicite les lauréats pour la qualité du travail qu’ils ont abattu et leur détermination malgré les conditions d’enquête et de travail difficiles.
Au cours de cette année, le REN-LAC dégagera des ressources pour contribuer au renforcement des capacités des journalistes en matière d’investigation sur les cas de corruption dans le cadre d’un atelier de perfectionnement.
Je profite aussi de cette occasion pour remercier chaleureusement les membres du jury qui n’ont ménagé aucun effort pour être disponibles. Ils ont abattu une tâche herculéenne avec dignité et noblesse.
Parmi les principaux chantiers à ouvrir par le REN-LAC en 2015, il y a le suivi et la détection de la corruption au cours des élections, la contribution aux réformes en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, l’organisation d’une rencontre sous régionale qui pourrait aboutir à la mise en place d’une structure régionale de lutte anticorruption. Le renforcement de l’éveil des consciences contre la corruption se poursuivra cette année avec l’ambitieux projet d’adapter la bande dessinée Kouka pour la porter à la télévision sous forme d’une série d’épisodes pour jeunes, un défi que le REN-LAC et une équipe de réalisateurs veulent relever.
Mesdames et messieurs, Honorables invités
Avant de terminer, permettez-moi, une fois n’est pas coutume, de rendre un vibrant hommage à nos forces de défense et de sécurité. En effet malgré les dures conditions de travail et les énormes sacrifices auxquels les exposent leurs missions, elles ont par leurs efforts inlassables et louables dans la lutte contre l’insécurité, la protection des biens et des personnes et la détection des trafics de produits impropres à la consommation réussi à remporter des succès indéniables.
Je réitère les remerciements du REN-LAC à ses partenaires techniques et financiers notamment à l’ONG DIAKONIA, au PNUD à la coopération française, à la coopération allemande à travers la KFW, à la Coopération Suisse et à la coopération danoise. Enfin que chacun de vous soit remercié pour sa disponibilité, son dévouement et son sens du devoir pour cette mission noble qu’est la lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance.
Tout en souhaitant bon retour à toutes et à tous, je déclare clos les travaux de la XVème Assemblée générale ordinaire du REN-LAC.
Je vous remercie