Affaires des tablettes : il y a bel et bien eu violation de la loi anti-corruption !
Communiqué de presse
Le 10 novembre 2016, la ministre du Développement de l’Economie numérique et des Postes, Aminata Sana/Congo a remis au Président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo, un lot de 130 tablettes numériques au profit des 127 députés, a-t-on appris d’un communiqué publié sur le site de l’Hémicycle. La même source indique que ces tablettes ont été acquises grâce à un partenariat avec Huawei Technologies Burkina Faso.
Ce geste intervient moins de six mois après l’attribution d’un marché de « construction d’une liaison sur fibre optique entre Ouagadougou et Pô jusqu’à la frontière du Ghana + bretelle Bagré Pôle dans le cadre du projet régional d’infrastructures de communication de l’Afrique de l’Ouest (PRICAO-BF) » à l’entreprise HUAWEI INTERNATIONAL pour un montant 7 984 185 dollars US, soit 4 776 538 676,25 francs CFA TTC (Cf. Compte rendu du Conseil des ministres du 22 juin 2016).
Comme il fallait s’y attendre, la diffusion de cette information a donné lieu à une profonde et légitime indignation au sein de l’opinion qui exige des gouvernants l’exemplarité, le respect de la loi anti-corruption et l’instauration d’une culture de bonne gouvernance.
Tout en saluant cette levée de boucliers traduisant un renforcement de l’éveil des consciences et de la veille citoyenne, le REN-LAC note que les faits portés sur la place publique montre qu’il y a bel et bien eu violation de la loi n°04-2015/CNT du 3 mars 2015 portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso, notamment en ses dispositions relatives aux dons, cadeaux et autres avantages en nature et à la corruption d’agents publics dans la commande publique. En tout état de cause, cette violation de la loi anti-corruption intervient au moment où le peuple est toujours dans l’attente de la déclaration d’intérêt et de patrimoine des honorables députés !
Au-delà des considérations purement juridiques, il convient de souligner que l’acceptation de ce don par les ministres et les députés censés d’ailleurs représenter le peuple, pose un problème sur le plan éthique. En effet, c’est compromettant pour un gouvernement et une assemblée nationale d’accepter des dons d’une entreprise privée suite à l’attribution d’un marché public à celle-ci. Ensuite, il est inacceptable qu’après une insurrection populaire qui a chassé un pouvoir pour ses dérives en matière de gouvernance, et dans un contexte aussi difficile où les aspirations profondes de notre peuple peinent à trouver des réponses, que les gouvernants s’autorisent allègrement de telles dérives comportementales.
En s’autorisant ainsi de tels écarts avec les aspirations profondes du peuple, l’actuelle équipe dirigeante du pays donne une fois de plus, la preuve que sur le plan de la lutte contre la corruption et de la gouvernance en général, le changement véritable reste une conquête de dures luttes.
C’est pourquoi, le REN-LAC appelle une fois de plus le peuple burkinabé et la jeunesse en particulier à renforcer davantage sa détermination et sa mobilisation contre l’impunité, la corruption et les dérives de toutes sortes en matière de gouvernance.
Fait à Ouagadougou le 17 novembre 2016
Le Secrétariat Exécutif du REN-LAC