Intégrité et lutte contre la corruption en Afrique. Le REN-LAC partage son expérience avec AMD.
Le Réseau national de lutte anticorruption a accueilli dans ses locaux à Ouagadougou le mercredi 12 juillet 2017 une délégation du cabinet AMD (Association pour le management public et développement). Cette visite s’inscrivait dans le cadre des programmes de formations organisées régulièrement par le cabinet. Une journée de travail a permis aux participants de s’imprégner de l’expérience du REN-LAC en matière d’enquête, de technique de sondage et de plaidoyer. Le programme de formation s’étend sur deux semaines et regroupe une vingtaine de participants issus du Burkina Faso, du Mali et du Niger.
L’AMD est un cabinet associé à Management et comportement public. Il évolue dans un certain nombre de domaine à savoir les finances publiques, la politique de développement et le volet de formation de renforcement des capacités. Ce cabinet est présent dans quelques pays en Afrique à savoir l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale. Il a organisé cette formation afin de doter les participants de ressources nécessaires afin de lutter contre la corruption dans leur pays. Le profil des participants est très diversifié, notamment des journalistes, des activistes de la promotion de la gouvernance, des juristes, des financiers, et des magistrats. Placée sous le thème de la promotion de l’intégrité et la lutte contre la corruption, cette formation s’articule sur quatre axes qui sont : faire connaitre aux participants le concept de corruption ; les doter d’outils pour mesurer, détecter et pouvoir contrôler la corruption au sein de leur propre organisation ; leur montrer comment sanctionner la corruption et enfin comment entreprendre des actions concrètes pour aider les autres à lutter contre la corruption.
S’imprégner de l’impact qu’a le REN-LAC dans le maillage national de la lutte contre la corruption.
Au cours de cette formation de deux semaines, chaque participant devra développer un programme pour lutter contre la corruption. Cette formation ne consiste pas seulement à se faire enseigner mais aussi partager ses connaissances avec les autres. L’AMD forme sur la base de ce qu’on appelle la chaine anti-corruption selon son coordonnateur Luc DAMIBA, dans cette chaine il y a la détection, la répression, la réparation et la coopération. Chaque participant pourra au moins mener une activité allant dans son domaine, ceux qui sont dans la prévention vont mener des activités de prévention, les juristes vont mener des activités de répressions, les journalistes sont généralement dans la détection, les enquêtes, l’investigation.
Le REN-LAC capitalise 20 ans d’expérience à partager avec les autres.
Au Burkina Faso, en matière de lutte contre la corruption, nombreux sont ceux qui viennent s’inspirer du REN-LAC. Cela fait 20 ans qu’il existe et il a beaucoup d’expérience à partager avec les autres. C’est l’une des seules organisations qui a gardé une ligne étroite à lutter contre la corruption malgré les turbulences politique. Dans d’autres pays, la lutte contre la corruption est considérée comme un marchepied pour atteindre la sphère politique. Le REN-LAC fait d’office d’exception. Il faut noter que le programme prévoit en plus des sorties terrain au REN-LAC et à l’ARCOP, des sessions plénières, des cours seront dispensés et des travaux pratiques.
Des participants au programme s’expriment à l’issue de la journée de formation avec le REN-LAC :
Adam DICKO, originaire du Mali.
Quelle appréciation faites-vous sur la méthodologie de sondage que le REN-LAC utilise ?
<<Je remercie le REN-LAC pour cette belle présentation, c’était inspirant parce que nous n’avons pas un réseau pareil au MALI. Je ne suis pas une spécialiste dans la méthode de sondage, mais j’ai trouvé que c’était assez inclusif, vu le nombre de personnes enquêtées avant que le classement soit fait, je pense que c’est une bonne méthode. >>
Qu’est ce qu’il faut améliorer dans la stratégie de plaidoyer ?
<<C’est déjà une bonne stratégie, il faudra juste penser à avoir plus d’alliés, la lutte contre la corruption nécessite l’adhésion de toute la société, de toutes les composantes, donc je pense qu’il faut faire appel à d’autres. Il ne faut pas seulement voir les politiciens comme des acteurs de la corruption, mais aussi en tant qu’alliés pour faciliter l’adoption des lois anti-corruption. C’est bien d’avoir des partenaires à l’international, mais c’est encore mieux d’avoir des acteurs locaux comme les autorités coutumières et religieuses pour pouvoir combattre le fléau de la corruption. >>
Les deux présentations faites par le REN-LAC seront-elles d’une utilité pour la suite de votre formation ?
<<Ces deux présentations ont été très inspirantes pour moi, ça me donne des idées afin de voir dans mon plan d’action, comment faire pour qu’au Mali on est un tel réseau et comment rentrer en contact avec le REN-LAC pour envisager un déplacement au Mali pour essayer d’organiser la société civile Malienne. Ca va beaucoup m’aider parce que ça va me permettre de revoir mon plan d’action à travers les méthodes d’enquêtes, la stratégie de plaidoyer jusqu’à aboutir à l’adoption d’une loi>>.
David Lyonel SAMA, originaire du Burkina Faso
Quelle appréciation faites-vous sur la méthodologie de sondage que le REN-LAC utilise ?
<<La méthodologie telle que présentée est appréciable. Vu que l’échantillonnage a concerné 2000 personnes réparties dans les 13 régions plus la ville de Pouytenga, je pense que c’est représentatif et du moment que ça tient compte de différents profils à savoir des étudiants, des aides ménagères, des fonctionnaires, des gens du secteur informel, je pense qu’il y a une hétérogénéité dans ce sondage. Je pense que c’est de qualité puisque il suit un processus qui aboutit à un rapport final. Même si cette méthode de sondage reste perfectible, pour le moment je pense que c’est bon. >>
Qu’est-ce qu’il faut améliorer dans la stratégie de plaidoyer ?
<<J’ai compris qu’au niveau des membres observateurs il y a des autorités coutumières, donc je pense qu’il faut renforcer le plaidoyer à ce niveau. Nous ne sommes pas sans savoir que nous sommes tous issus de différentes coutumes, les autorités coutumières ont un rôle crucial à jouer dans le changement de consciences, cela peut changer la donne quelque part. On ne cessera de le dire, la sensibilisation est importante, cette sensibilisation pour moi doit être orientée vers les tout-petits, c’est à dire dès la base, à l’école primaire initier des actions pour inculquer des valeurs relatives à la lutte contre la corruption aux enfants et cela peut être en partenariat avec le ministère en charge de l’éducation. >>
Les deux présentations faites par le REN-LAC seront-elles d’une utilité pour la suite de votre formation ?
<<Cette formation vient à point nommé dans la mesure où je suis dans une direction générale en charge des affaires juridique et judiciaire. Je pourrais contribuer à influencer dans la prise de décision au niveau de ma structure sur les questions de corruption. >>